₪ AUTUMN ▬ when leaves are falling
ICÔNES © LEAVESDEN
Automne 1993. Du haut de leurs un an, Roxanne et Nawel gazouillaient gaiement dans les berceaux, comme deux sœurs comblées, ce qu’elles étaient, en réalité. Elles trouvaient l’une en l’autre une jumelle adorée, mais aussi une complice de jeu et une camarade d’apprentissage. Les deux s’entendaient à merveille, si semblables l’une à l’autre avec leurs cheveux bruns et leurs beaux yeux, noisette pour Nawel, bleus pour Roxanne, qui faisaient craquer grands-parents et voisins attendris. Pourtant, une ombre tâche le tableau, et au fur et à mesure que le temps passe, la tension entre les parents Marshall, que les petites ne percevaient jusqu’alors pas, s’intensifia tant que Nawel et Roxanne sentirent que quelque chose est en train de se passer – et elles eurent très vite la mauvaise impression que ce quelque chose en question n’était pas quelque chose de
bien …
« Mais enfin Olivia, tu vas m’expliquer ce qui se passe, bon sang !? »
« Il se passe que je ne comprends pas comment tu peux les regarder de cette façon ! »
« Mais de quelle façon !? »
« Avec cet air dégoûté, comme si elles étaient des monstres, alors que le monstre, c’est toi ! »
« Maman … Papa pas un mooonstre. »
« Tais-toi Nawel ! »
« Pourquoi elle se tairait ? Et d’ailleurs, pourquoi je suis un monte, Olivia ? »
« Parce que tu l’as laissée mourir, Keith ! »
« Quoi !? »
« Qui qu’il a laissé mourir ? »
« Nawel, Roxanne … Allez dans votre chambre d’accord ? »
« Et pourquoi donc ? Elles peuvent bien savoir que leur père n’a pas esquissé un seul geste pour sauver leur troisième triplette, tu ne crois pas !? »
« Tais-toi ! C’est leur faute ! Elles ne faisaient que pleurer, elles me déconcentraient ! »
« Il est vaillant, le médecin, à rejeter la faute sur ses filles ! Le beau docteur ! »
« TAIS-TOI ! »La première dispute entre Olivia et Keith Marshall fit à Roxanne et Nawel l’effet d’un coup de poing dans le ventre. Certes, elles avaient conscience de cette tension presque électrique dans l’air – certes, elles savaient qu’un jour, l’orage éclaterait – mais la violence de l’engueulade les laissa coites. Elle se finit en effet dans les hurlements hystériques de la mère, le père tapant du pied, et ce furent finalement les voisins qui interrompirent le couple en appelant les autorités pour tapage nocturne. Ne pas se disputer le soir dans la famille Marshall. Pensant – assez naïvement il est vrai – que cette dispute calmerait le jeu, les deux sœurs découvrirent toutefois avec stupeur l’existence d’une troisième sœur, morte à l’accouchement, et le pouvoir de Nawel, lorsque la petite fondit en larmes dans les bras de Roxanne, criant qu’elle se sentait triste et rageuse comme ses parents. Comme ses parents. La consolant comme elle le pouvait du haut de ses un an, Roxanne ne comprit rien du tout avant que, plusieurs années plus tard, on leur explique que Nawel avait don d’empathie, et qu’elle ne fasse le lien avec cette fameuse dispute et ne découvre à son tour son hypermnésie. Mais ne brûlons pas les étapes. S’isolant dans leurs chambres, les deux filles se tinrent compagnie tant bien que mal, Roxanne consolant Nawel comme le pouvait – et elle y arrivait lorsque leur père fit irruption dans leur chambre pour vérifier qu’elles étaient bien coucher, et refaire pleurer la pauvre Nawel, chamboulée et effarée par ce trop plein d’émotions qui n’étaient pas les siennes et qui lui faisaient peur. Et ce fut en septembre 1993 que cette période se finit.
Les parents divorcèrent.
Nawel resta avec sa mère.
Roxanne partit avec son père.
₪ WINTER ▬ when world is so cold
ICÔNES © SOFT FRENZY
Hiver 2003. Dix ans. Cela faisait déjà neuf ans, et Roxanne grinçait des dents à chaque fois qu’elle rentrait de cours. Neuf ans qu’elle ne voyait sa sœur qu’à l’école. Neuf ans que leurs contacts étaient inexistants pendant les vacances et les week-ends. Dix ans qu’elle croyait mourir de détresse chaque fois qu’elle était longtemps séparée de sa jumelle parfaite, de son âme sœur, de sa moitié. Ce fut à l’âge de cinq ans que Roxanne commença à se renfermer, à faire des crises de pleurs et surtout, à fuir son père. Il lui parlait ? A l’image d’un chat, elle se hérissait – et elle faisait vraiment le dos rond, je vous jure – en le fusillant du regard. Pensant que ce n’était qu’une mauvaise passe qui passerait bien vite, Keith ne trouva rien de mieux que de prendre sa fille par la main et de l’emmener chez un de ses proches amis à lui.
Psychologue de son état.
Imaginez le topo. Roxanne, une petite gamine renfermée qui souffrait de la séparation avec sa jumelle tant adorée, en tête à tête avec un homme qu’elle ne connaissait pas le moins du monde et en qui elle avait aussi conscience qu’en son institutrice. Autant dire pas du tout, vu que cette espèce de sale charogne de prof avait essayé de la séparer – encore ! – de Nawel. Tentant de faire parler la petite fille, l’ami essaya tout, des bonbons aux plaisanteries en passant par les menaces, et se heurta à chaque fois à un mur de glace plus épais que ce qu’il pouvait imaginer. Mais loin de baisser les bras, il demanda au père de la petite de la lui ramener chaque mercredi après-midi, pour tenter de la faire parler. Et toujours en vain. A l’école, Roxanne continuait de s’asseoir à côté de Nawel, malgré les remontrances de l’institutrice, discutant à voix basse avec sa jumelle ou se contentant d’échanger avec elle ce genre de regard entendu qui suffisaient aux deux sœurs à se comprendre. Ne lui cachant rien, Roxanne lui apprit directement, sans laisser paraître aucune émotion, sa rencontre avec cette espèce d’énergumène qui ne lui inspirait rien qui vaille. Se jurant mutuellement de s’entraider et de se retrouver
un jour, Roxanne et Nawel grandirent peu à peu. Entamèrent une scolarité difficile, aussi. Une grande gueule, une insolence et une rébellion qui ne plaisaient pas pour Roxanne, une fâcheuse tendance à rêver et une maladresse irritantes pour Nawel. Se faisant lyncher par des profs fatigués par les caprices des parents et les caractères des deux filles, le sommet fut atteint quand des élèves d’une classe plus haute enfermèrent Nawel dans les toilettes, alors qu’elles avaient sept ans.
Nawel, qui était claustrophobe.
« Roxanne ! »
« Quoi ? »
« Roxanne, vite, il faut que tu viennes ! »
« C’est quoi ce plan pourri, Heartless ? »
« Appelle-moi Kevin. Et sinon, le problème, c’est que quelqu’un a enfermé ta jumelle dans les toilettes ! »
« NAWEEEEL ! »Giclant hors de la cour en hurlant le prénom de sa sœur, Roxanne fonça vers les toilettes, suivie par Kevin Heartless, qui deviendrait son meilleur ami, et se prit immédiatement le bec avec les deux garçons de dix ans qui riaient en tenant fermée une porte, derrière laquelle Roxanne entendait sa jumelle pleurait. Ressentant, comme toute vraie jumelle, son malaise, elle se mit à hurler, à frapper, à faire tant de bruit que des professeurs finirent par arriver, l’engueulant, jusqu’à ce que Kevin ne leur réponde que c’était la faute des deux gorilles et pas des sœurs Marshall. Kevin, le fils de la Reine de Cœur. Peu habituée à ce que les professeurs prennent sa défense, Roxanne écarquilla les yeux lorsque ceux-ci punirent sévèrement les deux garçons et envoyèrent Nawel à l’infirmerie avec sa sœur, leur permettant de rater des cours.
Le temps passa, et les filles eurent bientôt dix ans. A cette période environ, Kevin et Roxanne étaient devenus les meilleurs amis du monde, inséparables. Sans s’en apercevoir, Roxanne finit par s’écarter un petit peu de sa sœur, qui n’y vit aucun inconvénient. Après tout, c’était bien de voir que Roxanne s’était trouvé un bon ami, surtout s’il était aussi mignon, n’est-ce pas ?
A la même époque, Roxanne se disputait encore et toujours avec son père, jusqu’à ce que les voisins appellent la police pour tapage nocturne en découvrant avec effarement que la petite Marshall était capable de crier aussi fort que sa mère avant elle. Leur détresse atteint son apogée lorsque Roxanne, pour emmerder son père, découvrit un nouveau moyen qu’elle adora immédiatement. Ecouter Rammstein et Judas Priest, c’est bien.
Avec le son à fond, c’est mieux.
₪ SPRING ▬ when flowers are rebirthing
ICÔNES © ROUKY & MISS VICTORY
Printemps 2008. A quinze ans, Roxanne et Nawel commencèrent à attirer les regards. Surtout Roxanne, en fait, de par son apparence et son look. Look, mais quel look ? Le début de la fin, pour son père, ce fut lorsqu’elle eut onze ans et que, avec Kevin, elle décida de sortir du lot, et se décolora les cheveux sans prévenir quiconque, si ce n’est sa jumelle et son meilleur ami. Imaginez la réaction du père en voyant sa fille adorée rentrer avec sa belle, longue et soyeuse chevelure brune devenue … De courts cheveux blonds, vu qu’elle les attaqua sauvagement aux ciseaux. Nouvelle engueulade qui dura plusieurs semaines, au cours desquelles Keith Marshall passa des heures à hurler à sa fille de cesser sa crise, ce à quoi elle répondait sur le même ton qu’il pouvait bien aller se faire foutre, elle refusait d’être un docile mouton qui suivait aveuglément la mode.
Le problème, ce fut quand Roxanne se pointa en cours avec ses jolis cheveux blonds. Kevin et Nawel la complimentèrent, les autres élèves réagirent à peine, mais la prof, ah, la prof ! Vous savez comment elle s’appelait, leur prof principale, aux deux frangines ? Olivia Marshall, bizarre hein ? Lorsque Roxanne arriva avec les cheveux décolorés, Olivia, qui la prenait de haut depuis le divorce des parents et la voyait comme une sale emmerdeuse adoratrice de son père, parla pour la première fois à sa fille depuis des années.
« ROXANNE ! »
« Tiens, tu me parles maintenant, toi ? »
« C’EST QUOI CES CHEVEUX !? »
« Bah c’est des cheveux. »
« Joue pas à la plus intelligente avec moi, sale petite peste ! »
« Maman ! Parle pas à Roxanne comme ça putain ! »
« Nawel t’en mêles pas ! »
« Et pourquoi elle s’en mêlerait pas !? T’espérait voir ta fille comme un docile mouton qui suivrait la mode et renierait sa jumelle sous prétexte qu’elle a changé de gueule !? »
« Mais t’es vulgaire sale … ! »
« MAMAN ! ELLE S'HABILLE COMME ELLE VEUT ! TU PREFERAIS PEUT-ÊTRE LA VOIR DEVENIR COMME TOUTE DES PUTES À FRANGES PERCHEES SUR LES TALONS AIGUILLES ET MAQUILLÉES EN MODE ALLUMEUSE ?! Tsst, je pensais que tu connaissais ta fille un peu mieux … »Au beau milieu de la classe, sous les regards ébahis de tous les élèves, Nawel se mit à brailler sur sa mère avec sa jumelle, ce qui valut aux deux une exclusion de cours par une Olivia totalement sur les nerfs. Comment, ses deux filles se permettaient de lui tenir tête !? Ah ça non, ça n’allait pas se passer comme ça, cette espèce de dingo de Roxanne n’allait pas lui pourrir sa fille ! Persuadée que la blondinette avait une mauvaise influence sur Nawel, Olivia se pointa un beau jour chez Keith, et les deux eurent une prise de bec mémorable, braillant chacun que l’autre n’avait jamais su élever des gosses et que de toute façon, ça ne pouvait venir que de l’autre parce que leur fille était un modèle de perfection. Ca se finit quand Roxanne rentra de son entrainement de taekwondo avec un mal de tête affreux et des bracelets à piques offerts par Ever, une amie, ainsi qu’un baggy bondage qu’elle avait échangé à une autre amie contre son jean, et pour finir, un superbe tee-shirt où s’écrivait en blanc ‘Do you see, it’s anarchy !’, sur fond noir. Le simple fait de voir leur fille accoutrée comme ça coupa le souffle aux deux adultes, encore plus quand elle leur lança sur un ton aigre que ce serait sympa de faire moins de bruits, j’ai la migraine là. Et la jeune fille de s’enfermer dans sa chambre pour appeler Nawel et rire de la tête des parents Marshall devant son look. Lorsqu’elle raccrocha, son premier réflexe fut de lancer sa chaine hi-fi, et le second de prendre un bout de papier pour griffonner un dessin au fusain. On ne se refait pas, mes amis.
₪ SUMMER ▬ when evenings are wonderful
ICÔNES © FREEZE
Eté 2010. A dix-huit ans, la vie des deux filles est bien changée ! La première chose notable qui arriva, ce fut le psy de Roxanne qui péta les plombs. Rappelez vous, il l’avait toujours vu, toutes les semaines, depuis ses cinq ans, et ce fut dix ans plus tard, quand la jeune fille mesura son mètre soixante et eut le corps d’une femme qu’elle prit conscience du regard qu’il posait sur elle. Un regard beaucoup trop avide et lubrique,
concupiscent, à son goût. Plusieurs fois, elle sentit un affreux frisson parcourir son échine tandis qu’il promenait ses mains sur ses épaules ou qu’il l’approchait de trop près, et lutta intérieurement pour ne pas lui balancer une New Rock renforcée de fer dans les parties génitales. C’aurait peut-être été mieux, car il alla, un soir, jusqu’à lui proposer de la raccompagner. Et dès qu’ils furent seuls dans la rue, dans l’obscurité, il la plaqua contre un mur et l’embrassa de force. Trop petite et trop répugnée pour réagir, Roxanne ne prit pas tout de suite conscience de la main qu’il passait sous son tee-shirt, puis qu’il descendit jusqu’à lui toucher les fesses. Continuant de descendre, c’est lorsque la main du psychologue fut entre les jambes de Roxanne qu’elle comprit qu’elle était en mauvaise posture. Se débattant, tentant de se dégager et de fuir, tout simplement, elle lutta en vain. Une bonne heure plus tard, l’homme éclatait d’un rire sauvage tandis qu’elle tentait d’hurler, à moitié étouffée par le poids de l’adulte sur son corps. Lorsqu’il se releva et referma sa braguette avec un sourire lubrique, elle sut qu’elle n’oublierait jamais ce visage, ni ce moment. Jamais. Il lui tendit la main avec une affabilité répugnante, prétextant l’aider à se relever, et … Elle lui cracha dessus, se relevant d’un bond et partant d’un pas rapide et énervé, s’empêchant de courir comme elle en mourrait d’envie. Inutile de dire que l’homme ne fut pas ravi du tout de cela. Comment ça, sa petite proie qu’il avait violée si facilement allait se rebeller !? L’attrapant par un bras, il lui colla une main sur les fesses et la colla contre lui, l’embrassant de force. Le réflexe de Roxanne ? Lui balancer ses New Rock bardées de métal entre les jambes, suivi d’un atémi sauvage dans les côtes et d’un violent coup de genou dans le menton. Le regardant tomber au sol, elle lui balança un nouveau coup de pied avant de tourner les talons et de s’éloigner en vitesse, sans rentrer chez elle pour autant. A vingt-deux heures trente, ce fut chez Nawel qu’elle sonna, les cheveux en bataille, sans pour autant montrer quoi que ce soit lorsqu’Olivia lui ouvrit.
« Qu’est-ce que tu fous là encore !? »
« Je veux parler à Nawel. »
« A cette heure-là !? »
« Il faut que je parle à ma jumelle. Et crois moi, ce n’est pas toi qui m’en empêchera. »
Est-ce le calme déroutant de Roxanne qui fit céder sa mère, ou bien les quelques traces de sang qu’elle aperçut sur ses bottes ? Qui sait, l’importance, ce fut qu’Olivia baissa légèrement sa garde, et Roxanne en profita pour la pousser doucement et entrer dans le salon, avant de foncer vers la chambre de Nawel qui écarquilla les yeux en voyant sa jumelle dans cet état-là. Avant de ressentir son dégoût, sa honte, sa rage et surtout, cette impression d’être sale à l’intérieur d’elle-même. D’un regard, la brune avait compris, et n’eut pas besoin de demander pour que Roxanne ne lui parle.
« Le psy. »
« Putain, l’enfoiré. Il va nous le payer, Roxanne, je te le promets. »
« J’y compte bien ouais. »
« Mais quel monstre punaise … »
« Je lui ai déjà pas mal pété la gueule, mais c’est pas assez. Je vais au ninjutsu demain, je demanderai à mon sensei de m’expliquer des trucs, et on ira lui caillasser sa bagnole, tagger sa baraque, bref, il va en chier. »
« Ouais, bonne idée. Moi je vais lui faire cramer sa boite aux lettres. »
« Et on va le suivre pour voir s’il fait ça à d’autres filles, prendre des photos et tout balancer à sa femme. »
« On ne s’attaque pas aux sœurs Marshall. »
Et elles s’exécutèrent, oui. Elles crevèrent ses pneus, brûlèrent son courrier, balancèrent des pétards dans sa boîte aux lettres ou par les fenêtres entrouvertes de sa voiture, taggèrent ses murs, cassèrent les vitres de sa voiture et la canardèrent de pierres … Pendant ce temps, Nawel collecta un maximum de preuves pour envoyer l’homme en prison, découvrant avec horreur qu’il avait violé plusieurs autres filles, tandis que Roxanne s’entrainait durement à tous ses arts martiaux, tapant dans un punching ball ou sur sa batterie quand elle avait besoin de se défouler. Et un jour qu’elles se promenaient ensemble, jouant avec Sid, le rat que Roxanne avait adopté sans demander l’avis de son père, elles se trouvèrent nez à nez avec le psychologue. Feignant la peur, Roxanne s’écarta légèrement de lui, allant jusqu’à trembler pour dissimuler sa rage froide. Et lorsque l’homme l’attrapa par le bras, elle le ficha violemment au sol, lui dégommant le nez d’un grand coup de Doc Martens. Avec un immense sourire, Nawel s’accroupit à côté de lui, brandissant des photos et susurrant qu’elle savait tout de lui, et qu’il était juste mal barré. Finissant son laïus en brandissant son portable et en appelant la gendarmerie en anonyme tandis que Roxanne maltraitait le pauvre psy, elles l’attachèrent à un poteau, inconscient, laisser à côté de lui un dossier tapé sur ordinateur par Nawel qui suffit à envoyer l’homme en prison.
On ne s’attaque pas aux sœurs Marshall, n’est-ce pas ?
Le second évènement marquant est autrement plus tragique. Persécutée depuis des mois par un garçon qui se moquait de sa jumelle et de son caractère rêveur et faible, Nawel finit par se disputer violemment avec lui en haut des escaliers du lycée, à tel point qu’elle lui balança son poing dans le visage avant de tourner les talons, folle de rage. Lorsqu’elle entendit un hurlement derrière elle, et ressentit vivement la douleur du garçon, elle comprit qu’elle n’aurait jamais dû. Fondant en larmes dans les bras de Roxanne dès qu’elle la croisa, Nawel lui raconta tout, et la blondinette tenta désespérément de la réconforter. En vain. Lorsqu’elle apprit que le garçon serait paralysé à vie par sa faute, Nawel se mit aussitôt à déprimer, cessant de manger, cessant de dormir, pleurant et culpabilisant à longueur de temps. Morte d’inquiétude pour sa sœur, Roxanne se retrouva dans une impasse quand son père lui annonça qu’il l’avait inscrite à un stage en entreprise, et que si elle ne le faisait pas, il la virait de la maison. Ne sachant que faire, elle se vit obligée de rester dans un hôpital en tant qu’assistante infirmière, ce qu’elle détesta dès le premier jour, et surtout, de laisser sa sœur toute seule. Folle d’inquiétude, elle fit le mur le premier soir pour aller chercher Kevin et lui dire de veiller sur Nawel, avant d’aller voir celle-ci et de la forcer à manger. Ce ne fut que lorsqu’elle vit, quelques jours plus tard, sa jumelle pleurer sur l’épaule du jeune homme qu’elle comprit qu’elle était entre de bonnes mains et qu’elle pouvait se concentrer sur sa survie dans l’hôpital.
Lorsque son stage fut fini, relativement écourté à cause d’un coup de gueule de Roxanne envers un patient qui refusait de la respecter sous prétexte qu’elle était punk, le premier réflexe de la blonde fut de se jeter dans les bras de sa sœur, puis, l’attrapant par la main, d’aller sonner chez les Heartless. Mauvaise idée.
« Bonjour, je suis … »
« Non, je refuse de vous donner de l’argent, je l’ai déjà suffisamment dit, enfin ! »
« Mais, madame Heartless, on est des amies de Kevin … »
« … Quoi !? »
Roxanne Marshall versus Rosa Heartless. La Reine de Coeur, incapable d’accepter le look de la jeune fille, refusa de la laisser entrer pour remercier Kevin, et ça se finit en une mémorable dispute sur le pallier de la maire de Wonderland, avec hurlements de la part de Roxanne et Rosa. ‘ESPÈCE DE NAZI INTOLERANTE !’ contre ‘PAUVRE MANANTE IRRESPECTUEUSE !’, tout cela se finit lorsque Nawel hurla à cause d’un fichu mal de tête dû au trop plein d’émotions qu’elle ressentait. Rendue irritable par la colère des deux autres, elle engueula un bon coup Rosa, puis attrapa sa sœur par la main et tourna les talons. Le résultat ? Le lendemain, en cours, Kevin évitait Roxanne, qui finit par le prendre entre quatre yeux et lui intimer de lui dire ce qu’il se passait. Et déchanta en découvrant que son ‘rebelle’ de meilleur ami écoutait docilement ses parents qui lui interdisaient de côtoyer la fille Marshall. Ecœurée de son comportement, elle qui n’aurait pas hésité à faire le mur pour passer du temps avec son meilleur ami le rejeta avec mépris, expliquant la situation en quelques mots à une Nawel inquiète. Ce fut la fin de l’amitié entre Roxanne et Kevin, la première terriblement rancunière et reprochant à l’autre de ne pas tenir à leur amitié.
Un nouvel évènement intéressant, vers les dix-huit ans et donc la majorité de nos frangines, ce fut la dernière dispute entre Roxanne et Keith, son géniteur, ou plutôt le dénouement. Totalement écœurée de ce que son père lui avait dit, la jeune fille se rebella encore plus, se mettant à fumer et passant chercher des bouteilles de bière, qu’elle buvait directement au goulot, lorsque son père recevait chez lui des amis, des femmes ou des collègues. Vous imaginez un peu l’ambiance, avec une fille qui passe en buvant sa bière puis qui se met à taper sur sa batterie en vociférant comme une malade sous prétexte qu’elle chante les paroles de la chanson qu’elle joue ? Mais derrière cela, Roxanne et Nawel économisaient. Leur but ? Se payer un appartement dès leur majorité. Et le plus surprenant, c’est qu’elles y parvinrent. Le jour de leur anniversaire commun, elles séchèrent toutes les deux les cours, et tandis que leurs parents allaient travailler, elles rentrèrent chacune chez elles et se pointèrent avec leurs cartons à l’appartement qu’elles avaient racheté pour une bouchée de pain à une amie qui se contrefoutait de leur âge à l’époque où elle leur avait laissé s’y installer. Ne remplissant la paperasse que le jour de leurs dix-huit ans justement, elles s’y installèrent durant la journée, vidant totalement leurs chambres et emportant tout ce qu’elles aimaient, sa batterie, son rat, son ordinateur, sa tablette graphique et ses CD pour Roxanne, son piano et ses animaux pour Nawel. Lorsque les parents, inquiets, tentèrent de les joindre, elles répondirent chacune ensemble qu’elles en avaient marre de leurs vies, et qu’elles voulaient vivre ensemble.
Ils avaient voulu plonger dans l’eau en les éloignant l’une de l’autre ?
Apprenez à nager, vous allez couler.
Accueil 
Lady Beard.
Vive 
